Rapport d’activité 2015-2016 de l’association Open Food Facts
Ce rapport d’activité 2015-2016 présente les points forts de l’année écoulée :
Open Food Facts en quelques chiffres
Depuis la publication du dernier rapport d’activité 2014-2015 en juin 2015, la base de données collaborative, libre et ouverte Open Food Facts a plus que doublé en taille, passant de 46 000 produits alimentaires ouverts à 109 000 produits. Plus de 90% des produits ont été modifiés cette année ou l’année dernière. Les produits ont été photographiés et les données sur leurs ingrédients, tableaux nutritionnels, etc. ont été saisies par plus de 5000 contributeurs dans 225 pays. Les données de la base Open Food Facts sont maintenant réutilisées par plus de 30 autres applications, services, produits et études.
Collaboration
La communauté Open Food Facts en ligne, sur Slack
Open Food Facts est un projet citoyen mené entièrement par des membres et contributeurs bénévoles. Les participants au projet se trouvent dans le monde entier, et pour communiquer nous utilisons depuis deux ans la plateforme de discussion en ligne Slack où nous discutons dans de nombreux canaux thématiques, principalement en anglais. Des canaux dédiés à chaque pays permettent également aux contributeurs d’échanger dans leur propre langue.
Si vous participez de près ou de loin au projet Open Food Facts, nous vous invitons très fortement à nous rejoindre sur Slack qui a très nettement amélioré la façon dont nous échangeons et collaborons ensemble.
Au moment où cette ligne est écrite, plus de 800 personnes sont inscrites sur le Slack d’Open Food Facts, et 16 d’entre elles sont connectées et prêtes à échanger. Rejoignez-nous ! 🙂
Et en « vrai », à Paris, Lyon et bientôt près de chez vous ?
Depuis septembre 2015, quelques contributrices et contributeurs de la région parisienne se réunissent presque chaque jeudi soir à Paris à la Fondation pour le Progrès de l’Homme (FPH) où se retrouvent plusieurs associations liées au monde du libre (APRIL, OpenStreetMap, Parinux, Ubuntu, Mongueurs de Perl etc.).
C’est très motivant de se retrouver « en vrai ». Si vous habitez en région parisienne, venez donc nous voir un jeudi soir (vérifiez d’abord sur Slack dans le canal #Paris que nous serons bien là). Et si vous habitez ailleurs, vous pouvez organiser une rencontre près de chez vous, dans un bar, un resto… ou un supermarché. 🙂 Pour trouver des contributeurs près de chez vous, vous pouvez en parler sur Slack (canal #fr par exemple) ou sur le groupe Facebook des contributeurs d’Open Food Facts. Un canal dédié existe peut-être déjà pour votre ville.
Communication
Comme toujours, nous avons répondu présent à toutes les invitations pour présenter le projet Open Food Facts. Voici une liste non-exhaustive des événements auxquels nous avons participé :
– Festival numérique NUMOK dans les bibliothèques parisiennes
– Journées Perl 2015 et 2016
– Paris Open Source Summit (stands et conférence)
– Lycée Charles Péguy à Paris
– Plusieurs hackathons food
– International Open Data Conference à Madrid
– A Nantes : Scène numérique participative
– A Tours : Rencontres Nationales de l’Agriculture
– A Lyon: Assemblée Générale, Présentations du projets au cours de l’année
– 2 Ubuntu Party, avec stand et conférence
Notes nutritionnelles NutriScore (5 couleurs A/B/C/D/E)
Depuis septembre 2016, 4 systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié sont testés dans 60 magasins. Le sujet intéresse beaucoup citoyens et médias.
Open Food Facts calcule depuis 2015 les notes A/B/C/D/E de couleur (système NutriScore, anciennement 5 Couleurs / 5C), pour maintenant plus de 36 000 produits.
Par ailleurs, nous avons demandé l’ouverture des données et mesures de l’étude au Ministère de la Santé et au Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé.
Scan Party Franprix
La plupart des produits de la base Open Food Facts ont été ajoutés par des contributeurs de manière individuelle, mais il arrive que nous organisions des événements spéciaux pour obtenir des données représentatives pour un certain type de produits. C’était le cas par exemple en 2012 au lancement du projet avec l’Opération Sodas, et cette année avec la Scan Party chez Franprix :
En mai 2015, avec l’accord de Franprix, 4 contributeurs ont pris des produits en photos pendant 2 jours dans un grand magasin Franprix de Paris, ce qui nous a permis d’ajouter ou de mettre à jour plus de 1800 produits, avec un impact positif et conséquent pour Open Beauty Facts.
Les informations de tous les produits ont été ensuite saisies grâce à l’aide d’autres contributeurs.
Vérification des données : le cas des codes EMB (codes emballeurs)
Depuis le lancement du projet Open Food Facts en 2012, les cas de vandalisme (fausses informations introduites volontairement) restent rarissimes. Mais nous observons par contre régulièrement des erreurs de saisies, en particulier sur des champs numériques, comme les codes emballeurs qui identifient les usines qui emballent (et bien souvent fabriquent) les produits.
Depuis quelques mois, Segundo fait une veille sur les nouveaux codes EMB afin de les vérifier (Sont-ils bien présent sur l’une des photos envoyées ? N’y-a-t-il pas de faute de frappe ?) avec une vigilance appuyée sur les codes attribués à un seul produit (plus de la moitié des codes sont dans ce cas). L’idée est que ce champ soit le plus propre possible pour que les réutilisations (comme la carte « C’est emballé près de chez vous ») aient les données les plus précises possible. À ce jour, sur les 7 700 codes de la base, environ 20% sont « vérifiés » (= le code apparait bien sur au moins un produit). En revanche, près de 14% des codes sont considérés comme « invalides » (pas exploitables ou pas encore exploitables) et 5% n’apparaissent pas sur les photos (le plus souvent il n’y a tout simplement pas de photo sur la fiche).
De récentes modifications logicielles permettent d’identifier les produits où un code emballeur manque (laits, viandes écoulées dans l’UE).
Internationalisation
Nous poursuivons et amplifions nos efforts pour développer le projet Open Food Facts à l’international et créer une base mondiale des produits alimentaires, accessible librement par tous, dans leur langue maternelle. 10 pays (France, Allemagne, Royaume Uni, Espagne, Belgique, Suisse, Etats-Unis, Australie, Italie, Russie) ont maintenant plus de 1000 produits référencés.
Produits multilingues
La mise en place début 2016 de la gestion des produits avec des emballages en plusieurs langues (les ingrédients par exemple) a permis de relancer l’internationalisation sur une bonne base, mais ce n’est qu’une première étape pour permettre une expérience totalement locale :
Traduction
Nous avons traduit de nouvelles parties du projet Open Food Facts dans un nombre accru de langues :
– Les fiches des applications mobiles sur les app stores sont désormais traduites en de nombreuses langues pour permettre la découverte de l’application
– La nouvelle application mobile en cours de traduction vers 27 langues (1er point de contact avec le projet pour de nombreuses personnes)
– Le site Web est en cours de traduction vers 33 langues (et notamment la partie visible dans les applications mobiles)
– La traduction des taxonomies a considérablement augmenté dans quelques langues clés, en attendant le passage à un système largement standardisé l’an prochain
Et nous avons beaucoup amélioré les processus de traduction et de gestion de ces traductions :
– Normalisation des formats de traduction pour utiliser GetText, grâce au travail de Sébastien, réduisant la barrière à l’entrée pour les nouveaux traducteurs, et nous permettant de nous baser sur des communautés de traduction existantes
– Génération de suggestions automatisées dans Launchpad afin de simplifier le travail des traducteurs
– Les pages statiques sont désormais traduisibles de manière standardisée.
– Les taxonomies le seront bientôt grâce à Hangy (l’export est déjà réalisé, le réimport est en cours)
Développement de la base des produits de chaque pays
Scan parties internationales
A l’occasion de voyages, plusieurs contributeurs on fait des centaines de photos de produits à l’étranger.
Import de bases externes
Des bases externes compatibles en terme de licence et de qualité avec Open Food Facts, mais limitées à un pays sont apparues cette années: la branded database de la FDA pour les états-unis, et OpenFood.ch pour la Suisse. Des imports sont en cours afin d’améliorer la couverture d’Open Food Facts pour ces deux pays. Les critères d’imports d’une base sont notamment la licence, la fiabilité et la présence de photos.
Utilisation de la reconnaissance optique de caractère (OCR) et de logos sur la base existante et les nouvelles bases
Pour de nombreux produits, nous avons des photos, mais les informations correspondantes (nom, marque, ingrédients, informations nutritionnelles etc.) n’ont pas été saisies. Cela est d’autant plus le cas pour les pays où Open Food Facts est peu développé, avec des contributeurs occasionnels qui n’ont envoyé que quelques produits, et les pays qui utilisent des langues et systèmes d’écriture que peu de contributeurs actuels connaissent.
Pour tenter d’amorcer la pompe, nous avons pour projet d’utiliser la reconnaissance automatique de texte pour extraire des informations de produits pour lesquels nous avons des photos, et ainsi les rendre accessibles plus facilement par les outils de recherche d’Open Food Facts et par les moteurs de recherche. Cela permettra de :
– attirer des visiteurs et des contributeurs potentiels sur les produits qui aujourd’hui n’ont pas d’informations saisies
– permettre aux contributeurs d’améliorer de manière ciblée la base en trouvant des produits vides spécifiques (un code emballeur précis, une catégorie sous-représentée…)
– fournir des fonctionnalités d’assistance pour simplifier la contribution (suggestions de marques ou d’ingrédients par exemple)
– aller plus loin sur la base existante (instructions de recyclage, de cuisson…)
Les informations textuelles de l’ensemble des photos de la base Open Food Facts et Open Beauty Facts ont été extraites par Pierre, il reste maintenant à les valider et les intégrer dans la base de façon mesurée, par exemple en pré-peuplant la base lorsque le degré d’exactitude de la reconnaissance est très élevé, ou sous forme de suggestions à vérifier et valider manuellement.
Réutilisations
Le nombre de réutilisations des données de la base Open Food Facts continue d’augmenter. 28 d’entre elles sont maintenant répertoriées sur data.gouv.fr
Le nombre réel est supérieur, et la plupart des réutilisations ont été ajoutées cette année. Le nombre de thématiques touchées augmente, allant du diabète à l’huile de palme en passant par la nutrition. Les technologies et plateformes utilisées se diversifient également, allant des objets connectés à la réalité augmentée.
Open Food Facts est désormais réutilisée comme source pour des articles scientifiques et journalistiques, pour sa capacité à fournir une information détaillée et pour sa taille qui permet de redresser le jeu de données tout en ayant des échantillons suffisants dans le cas de la France.
Développement
Site et base de données Open Food Facts – Product Opener
Product Opener est la partie serveur du projet Open Food Facts (gestion de la base de données, de l’API et du site Web). Elle est écrite en langage Perl et s’appuie sur le système de base de données MongoDB.
Depuis fin 2015, 2 nouveaux développeurs Perl (Hangy et Sébastien) ont rejoint Stéphane, ce qui a permis d’accélérer la mise en place de nombreuses améliorations.
Produits mutlilingues
La gestion des produits multilingues début 2016 a été le plus grand changement de l’année écoulée. Une même fiche produit peut maintenant afficher différentes photos et informations (nom du produit, ingrédients) suivant les langues.
Documentation
La documentation de la plateforme a progressé à l’occasion de la mise en place du nouveau serveur, et doit encore progresser.
Perspectives
L’historisation des produits, le passage en HTTPS intégral, une nouvelle version de l’API ainsi qu’une séparation du frontend à cette occasion font partie des pistes de réflexion.
Applications mobiles Open Food Facts
Les applications mobiles Open Food Facts permettent la consultation de la base, et surtout la contribution de nouveaux produits. Pour de nombreux contributeurs situés hors de France, elles sont le premier point de contact avec Open Food Facts. Cette année a vu la mise en place d’une structure pour permettre leur développement:
– Mise en place de communautés de développement thématiques (Android, iOS, Windows Mobile, Ubuntu Mobile)
– Mise en place de bonnes pratiques pour favoriser la contribution ponctuelle ou régulière (product management, bugs, builds…)
– SEO pour rendre les projets Open Food Facts plus visibles sur GitHub
– Invitations envoyées à de nouveaux contributeurs mobiles rencontrés dans des évènements où Open Food Facts étaient présents, ou bien qui ont crée des réutilisations
Applications Cordova
Les applications officielles Open Food Facts sont développées en HTML et Javascript avec la plateforme Cordova. Elles n’ont pas été mises à jour depuis 2014. Leurs fonctionnalités sont certes limitées, mais elles sont fiables.
Il est désormais impératif et urgent de les mettre à niveau pour enlever la reconnaissance visuelle de MoodStocks (rachetée par Google et maintenant indisponible), mettre en place la connexion SSL vers l’API et mettre à jour Cordova (nouvelles règles des app stores) .
Applications natives
Pour prendre à terme le relais, des projets non officiels (Android, iOS, Ubuntu et Windows) ont été convertis en projets officiels. La communauté a été sollicitée pour accélérer leur développement.
Lorsque l’ensemble des fonctionnalités clés auront été mises en oeuvre et que les applications seront stables, elles pourront remplacer les applications Cordova,fournissant notamment des fonctionnalités avancées, pour les utilisateurs occasionnels comme pour les contributeurs réguliers (et notamment la possibilité de compléter une fiche sur mobile).
– Projet Android en cours (son objectif est de faire d’Open Food Facts une application fiable et d’excellence, plaisante à utiliser, aussi réactive et intuitive que la V1 bien que beaucoup plus fonctionnelle. Une attention particulière a été portée afin qu’elle soit accessible à tous, dans tous les pays, même dans des conditions réseau dégradées, permettant d’atteindre « the next 1 billion users »)
– Projet iOS démarré par Arnaud (les utilisateurs iOS sont exigeants, et composent une part influente de nos utilisateurs. L’application iOS reprendra le look and feel des applications de la plateforme, et a des fonctionnalités ambitieuses, tant en lecture qu’en écriture)
– Projet Ubuntu en cours démarré par Jimmy et Nymeria (L’application permet déjà la consultation et la contribution en cours d’ajout. Open Food Facts sera la seule application Ubuntu Mobile de nutrition totalement libre. Une extension pour les bureaux Ubuntu est envisagée )
– Projet Windows prometteur (L’application conçue par Niwra va au delà de la simple consultation en permettant une traduction universelle en temps réel accessible sur mobile, sur les bureaux Windows mais aussi sur les casques de réalité augmentée Microsoft Hololens)
Développement de l’écosystème de réutilisation et de contribution
La base de données Open Food Facts est de plus en plus réutilisée (au moins 30 réutilisations connues). Plus la base est utilisée, et plus l’idée d’une base ouverte qui s’enrichit de contributions mutuelles est intéressante.
Un enjeu important est d’encourager les auteurs des applications qui utilisent les données d’Open Food Facts de permettre à leurs utilisateurs de contribuer à travers ces mêmes applications au développement de la base.
Ainsi l’application Date Limite continue d’apporter un nombre conséquent de contributions utiles (notamment des photographies des produits), et de nouvelles applications permettent désormais la contribution: Zoneblocks, Recipe Keep, Can i eat this ?, PalmOilDetector, Yuca.
Documentation de l’API
– Nous avons documenté l’API afin d’encourager des réutilisations plus ambitieuses, en lecture et écriture.
– Nous avons favorisé le libre partage des codes de contributions entre applications pour permettre à plus d’applications de devenir contributrices.
– Nous avons mis en place une stratégie de librairies par langages, accompagnées de communautés au sein de Slack, alimentées par des développeurs repérés sur GitHub, dont une bonne part est désormais membre actif.
– Veille sur les nouvelles utilisations, engagement des développeurs, et montée en qualité de l’utilisation de l’API (utilisation, et contribution)
Open Beauty Facts
Sur le même modèle qu’Open Food Facts, nous avons commencé le projet Open Beauty Facts pour ouvrir les données sur les cosmétiques (savons, shampoings, dentifrice, maquillage etc.).
Le site Open Beauty Facts est maintenant en place et public, et 3000 produits y sont référencés.
Une application mobile en préversion pour Android a été publiée, sur la base de l’application native en développement d’Open Food Facts. C’est un prototype rapide, mais des modifications sont en cours pour que l’on puisse la déployer pour Open Beauty Facts sans qu’il soit nécessaire de maintenir 2 applications différentes.
Des travaux conséquents ont été entrepris en partie par nos soins du côté de Wikidata afin d’améliorer les informations cosmétiques, pour notre usage futur en tant que taxonomies. Les principaux systèmes cosmétiques sont désormais intégrés dans Wikidata, et des synonymes dans de nombreuses langues sont disponibles.
Nous avons eu notre premier article de presse majeur en suisse. (24heures.ch et On en parle sur RTS)
Fonctionnement et financement de l’association
Migration sur le nouveau serveur
Open Food Facts, Open Beauty Facts et les services associés (MadeNearMe, Combien de Sucres…) ont été migrés en septembre par Stéphane sur un nouveau serveur dédié, géré par l’association. Rappelons qu’il a généreusement hébergé Open Food Facts lors de ses trois premières années sur ses serveurs personnels. Le Wiki reste hébergé sur un VPS à part, également administré par l’association.
Ce serveur génère des coûts raisonnables mais significatifs qui cette année ont notamment été couverts par les sommes récoltées lors du Hackaton et par des dons individuels.
Se pose néanmoins la question d’une source de financement viable pour ces dépenses minimales ainsi que pour les autres dépenses de type stickers, kakemonos…
Lancement d’une page de collecte de fonds
L’association a ouvert à ces fins une page sur la plateforme HelloAsso afin de recueillir les dons du public pour permettre un financement citoyen.
Open Food Facts en 2017
Comme vous avez pu en avoir un aperçu dans ce rapport d’activité, nous avançons dans de nombreuses directions et les idées d’améliorations et de choses que nous devrions ou pourrions faire sont très nombreuses et très diverses (sans doute en avez-vous vous même beaucoup !).
L’alimentation est un vaste sujet avec des enjeux très importants en terme de santé publique, d’environnement, et de société. Alors si vous pensez comme nous que les données sur l’alimentation sont des données d’intérêt public qui doivent être ouvertes afin de permettre une meilleure alimentation pour tous, rejoignez-nous !
Venez échanger avec nous sur Slack ou contactez-nous par mail : contact@openfoodfacts.org