Rapport d’activité 2018 : un grand tournant pour Open Food Facts !

Rapport d’activité 2018 : un grand tournant pour Open Food Facts !


Le rapport d’activité 2018 de l’association Open Food Facts est également disponible au format PDF.

Open Food Facts

Comme chaque année depuis son lancement en 2012, le projet Open Food Facts a beaucoup progressé en 2018 :

  • Le nombre de produits dans la base a doublé entre début et fin 2018.
  • Nous avons lancé une version complètement repensée de l’application mobile Open Food Facts.
  • Les produits sont analysés beaucoup plus en profondeur (avec notamment le degré de transformation NOVA et une extension à l’impact environnemental).

2018 est aussi l’année où tout s’est accéléré pour Open Food Facts, avec une forte croissance de notre impact, de la visibilité du projet (plus de 15 passages TV et radio dont 6 minutes dans Envoyé Spécial !), des opportunités, mais aussi des sollicitations, de la charge de travail, et des défis.

2018 est donc l’année où nous avons fait le choix de transformer cette accélération en élan pour relever ces défis et changer d’échelle. Nous allons structurer l’association et mettre en place une petite équipe permanente pour pouvoir non seulement continuer, mais aussi multiplier notre impact. Ceci bien sûr en conservant les principes du projet : fonctionnement collaboratif, science citoyenne, open data, indépendance et gouvernance associative.

Une année 2018 très bien remplie !

Open Food Facts est un projet très riche, avec des dizaines de milliers de participants dans le monde, qui ajoutent des produits dans la base avec l’application Open Food Facts, complètent les informations sur le site web, et bouillonnent d’idées ; des dizaines de développeurs qui ajoutent des nouvelles fonctions ; plus d’une centaine de ré-utilisateurs qui utilisent la base Open Food Facts pour créer de nouvelles applications ou faire des recherches scientifiques.

C’est donc très difficile de résumer toute une année !

Pour ne pas transformer ce rapport d’activité en gros pavé, nous vous proposons donc un aperçu des nouveautés de 2018 en 12 images.

Bien sûr 12 images c’est un peu court. Dans le plan initial de ce rapport d’activité, on avait prévu de vous présenter aussi :

  • toutes les super nouvelles fonctionnalités de l’application Open Food Facts (scan en continu, mode hors ligne, comparaison de produits, affichage de l’empreinte carbone),
  • notre collaboration avec l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle EREN qui utilise la base Open Food Facts pour essayer de déterminer quels additifs ont vraiment un effet néfaste sur la santé,
  • notre rencontre avec le Professeur Monteiro au Brésil qui a créé la classification NOVA des aliments ultra-transformés,
  • Robotoff, notre robot intelligent qui analyse automatiquement les photos des produits pour en extraire les données,
  • notre nouvelle taxonomie multilingue d’ingrédients qui permet plein de nouveaux usages des données,
  • notre projet Data For Good pour calculer l’empreinte carbone des aliments, de notre nouveau projet avec l’ADEME pour étendre Open Food Facts à l’impact environnemental,
  • et plein d’autres choses qui nous passionnent !

Finalement, comme on s’est dit qu’il faudrait 2 jours pour présenter tout cela, on vous invite plutôt à nous rejoindre le week-end du 18 et 19 mai pour les Journées OFF, 2 jours riches en échanges et en enthousiasme, pour qu’on puisse parler de tout cela en détail !

De plus en plus d’opportunités et de défis !

Un défi humain

L’année 2018 a commencé sur les chapeaux des roues avec notre sélection au programme Google Summer of Code qui permet à des étudiants d’être rémunérés par Google pendant 3 mois pour participer au développement de projets open source. En quelques semaines, plus de 200 candidats ont proposé des idées, du code, pour ajouter des fonctions à l’application mobile Open Food Facts ou utiliser de l’intelligence artificielle pour améliorer la base. Cet afflux de nouveaux participants plein d’enthousiasme a permis de donner un grand coup d’accélérateur au développement  !

Les contributeurs sont l’essence même des projets libres comme Wikipédia, OpenStreetMap ou Open Food Facts. C’est toujours formidable de constater à quel point ces projets peuvent soulever l’enthousiasme ! Mais c’est aussi un grand défi humain pour accueillir, accompagner et guider tous ces nouveaux contributeurs, pour qu’ils puissent participer de la façon la plus efficace possible, tout en gardant leur enthousiasme. C’est un défi autant plus grand quand tous les contributeurs sont bénévoles et ne sont donc pas forcément disponibles immédiatement lorsque les nouveaux participants ont besoin d’aide.

Pour donner une idée de la diversité des actions des participants bénévoles du projet Open Food Facts, nous avons listé dans ce billet plus de 20 activités réalisées au cours d’une semaine (bien remplie).

Vous n’aurez plus qu’à multiplier par 52 pour avoir une idée de tout ce que les contributeurs ont accompli en 2018 !

Un défi technique

Le nombre de produits référencés dans la base Open Food Facts double tous les ans, et c’est bien sûr également un défi technique de s’assurer que le site, la base, les applications mobiles, et l’API qui alimente les autres applications mobiles continuent toujours de fonctionner dans de bonnes conditions. Les 2 serveurs que la Fondation Free a mis à notre disposition en septembre ont grandement aidé, mais bien sûr ce n’est pas juste une question de matériel, et la croissance du projet implique aussi beaucoup de développement logiciel.

En plus de l’aspect quantitatif du nombre de produits, l’aspect qualitatif des données est bien sûr primordial. Pour que les données soient les plus complètes, justes, et à jour possible, nous avons commencé 2 initiatives majeures en 2018 :

1. Le développement des imports de photos et données en direct des producteurs, initié avec Fleury Michon il y a 3 ans, et maintenant avec Système U, Casino, Carrefour, Sodebo, LDC et Ferrero. Des dizaines d’autres producteurs nous ont contactés pour nous transmettre les données de leurs produits, et avec l’appui de l’agence de santé publique Santé publique France, nous allons mettre en place une plateforme pour les producteurs pour qu’ils puissent plus facilement et plus rapidement intégrer leurs données dans la base Open Food Facts.

2. L’utilisation d’algorithmes d’intelligence artificielle pour automatiser le plus possible la saisie des informations, notamment en extrayant automatiquement les données à partir des photos. C’est ainsi que nous reconnaissons maintenant automatiquement les logos comme celui du Nutri-Score ou des labels, et nous améliorons progressivement tous ces algorithmes pour pouvoir extraire de plus en plus d’informations.

Ces avancées techniques permettent de décharger les contributeurs de certaines tâches répétitives, pour qu’ils puissent se concentrer sur d’autres aspects plus qualitatifs comme la compréhension, la structuration et l’enrichissement des informations pour qu’elles puissent servir à encore plus d’usages, pour encore plus de personnes.

Un défi pour le bien commun

En plus des défis humain et technique, un nouveau défi est apparu en 2018, la défense de la vision du projet Open Food Facts : l’information alimentaire ouverte.

Avec les débat sur le Nutri-Score, et la fulgurante ascension de Yuka qui en 2018 a été téléchargé 8 millions de fois, il n’a jamais été autant question d’information alimentaire dans les médias : Open Food Facts a été présenté dans plus de 15 reportages TV et radio en 2018, dont 6 minutes en prime time dans Envoyé Spécial pour présenter le Nutri-Score et NOVA dans l’app Open Food Facts.

Depuis 2012, nous présentons Open Food Facts comme « le Wikipédia des produits alimentaires » et montrons tous les usages possibles des données sur les produits : décryptage des étiquettes (Nutri-Score, NOVA, additifs, allergènes etc.) et comparaison de produits bien sûr, mais aussi recherches scientifiques, enquêtes journalistiques etc. Et il est ainsi facile d’expliquer que les informations sur les aliments sont des informations publiques, et doivent donc être publiques.

Mais paradoxalement, l’énorme succès de Yuka éclipse l’importance que les données sur les aliments soient et restent ouvertes — c’est-à-dire disponibles gratuitement pour tous et pour tous usages — alors même que c’est cette ouverture des données d’Open Food Facts qui a permis la création de Yuka et de plus d’une centaine d’autres applications.

Ce que nous devons défendre aujourd’hui, c’est cette idée d’une grande base libre, collaborative et mondiale sur les aliments, ce bien commun numérique auquel tout le monde peut participer et qui bénéficie à tous.

C’est une idée qui peut paraître évidente tant les applications d’une telle base pour l’information, l’amélioration des produits, et la recherche sont multiples. Mais le danger de re-fermeture des données est bien là :

La défense du bien commun face aux intérêts privés est un grand défi : l’industrie et les startups disposent de beaucoup de ressources, et elles peuvent développer des offres séduisantes à court terme. Mais la nécessité d’une base de produits indépendante, publique et vraiment ouverte est pour nous une évidence, et il faut relever ce défi.

Open Food Facts 2019-2021 : changeons d’échelle !

Structuration de l’association et du projet

Pour relever tous ces défis et continuer à faire grandir Open Food Facts et multiplier son impact, nous avons décidé l’année dernière de chercher les moyens de mettre en place une petite équipe permanente dédiée à Open Food Facts pour appuyer les dizaines de milliers de participants au projet.

Depuis 2012 l’ensemble du projet Open Food Facts est en effet porté par des bénévoles, mais la charge de travail a beaucoup augmentée avec la croissance du projet. En pratique plusieurs personnes se consacrent à mi-temps ou à plein temps au projet, mais ce n’est pas soutenable à moyen terme. Une équipe permanente permettra au projet de se développer de façon plus sereine et plus organisée.

Un gros travail est également à prévoir pour permettre aux participants bénévoles qui le souhaitent d’avoir un impact encore plus grand, et en particulier pour enlever tous les obstacles techniques ou organisationnels qui trop souvent freinent leur autonomie, leur efficacité et au final leur enthousiasme.

Dans le même ordre d’idée, il nous faut aussi favoriser à la fois l’émergence de groupes locaux pour porter nos actions dans les territoires (par exemple dans le monde de l’éducation, dans les écoles, collèges, lycées et universités), et de groupes internationaux pour développer dans le monde entier la base et l’éco-système d’Open Food Facts.

Des principes immuables

Nous souhaitons structurer l’association et changer d’échelle, mais en restant fidèles aux principes qui guident le projet Open Food Facts depuis 2012 :

Open Food Facts est porté par une association citoyenne à but non lucratif 1901.

Notre modèle est Wikipédia, et nous n’avons donc aucune intention de nous transformer en start-up, ni de transformer nos utilisateurs en produit.

Les données d’Open Food Facts sont vraiment ouvertes (open data), disponibles gratuitement pour tous et pour tous usages.

L’ouverture des données des produits alimentaires est l’objet premier de notre association. Nous sommes convaincus qu’elles sont d’intérêt public, et qu’elles doivent être publiques. Garder des données privées, les monétiser ou vouloir les contrôler va à l’encontre du bien commun, et notre logique est donc celle du partage et non de la compétition.

Open Food Facts est indépendant de l’industrie.

Nous encourageons tous les industriels à être transparents et à ouvrir les données de leurs produits, mais nous refusons tout financement direct ou indirect de la part de l’industrie agro-alimentaire, pour éviter toute possibilité de conflit d’intérêt et d’influence des lobbies.

Open Food Facts donne tout et ne vend rien.

Le but de notre projet est d’avoir l’impact positif le plus grand possible sur l’alimentation et la santé de tous, et nous pensons que c’est en donnant gratuitement tout ce que nous faisons (données, services etc.) que nous pourrons maximiser cet impact. Cela n’aurait par exemple aucun sens de vendre une version premium de l’application Open Food Facts, alors que ce sont les populations les plus démunies qui sont les plus affectées par le diabète et l’obésité. De même lorsque nous développons une fonction pour un pays (comme le calcul et l’affichage du Nutri-Score), nous la rendons disponibles pour tous les pays.

Financement de l’association

Depuis 6 mois, nous recherchons donc activement des sources de financements qui nous permettent de commencer à mettre en place une équipe permanente tout en étant compatibles avec nos principes. C’est un domaine nouveau pour nous (notre savoir faire est plutôt dans le développement de plateformes ouvertes et collaboratives et dans les applications mobiles), mais nous avançons en essayant un maximum de pistes et en espérant que notre enthousiasme – et l’impact que Open Food Facts a déjà – compensent un peu notre manque d’expérience en recherche de financement !

Les dons individuels

Nous avons lancé notre première « grande » campagne de dons en novembre et décembre 2018 via la plateforme HelloAsso (qui permet en particulier aux associations d’intérêt général comme la nôtre d’émettre des reçus fiscaux pour que les résidents en France puissent déduire 66% du montant de leurs dons de leurs impôts). Cette campagne a permis de récolter 10 000 euros en 2018.

Nous sommes aussi inscrits depuis juillet 2018 sur Lilo, le moteur de recherche qui reverse la moitié des revenus des publicités à des associations. Environ 300 personnes l’utilisent quotidiennement et nous font don de leurs « gouttes », ce qui nous a apporté un total de 3 000 euros depuis juillet 2018.

Ces montants peuvent paraître faibles au regard du financement nécessaire pour rémunérer des salariés permanents, mais il est probable qu’une marge significative de progression soit possible. Des associations comme Framasoft et Wikimedia France financent ainsi de 5 à 10 salariés avec pour quasiment seule ressource des dons du public. Et parmi les nombreux sympathisants du projet Open Food Facts, il est certainement possible de convaincre plus de 300 personnes d’utiliser Lilo, et de participer ainsi quotidiennement au financement de l’association.

D’autre part les dons individuels et le financement issu de Lilo ont le grand avantage de pouvoir être alloués librement aux projets de l’association. La plupart des autres sources de financement (subventions, appels à projet etc.) financent souvent des actions spécifiques et nouvelles, en mode projet, et pas le développement à long terme de l’association.

Les subventions

Les actions du projet Open Food Facts sont d’intérêt public (même si compte tenu de notre petite taille, l’association ne peut pas pour l’instant être reconnue d’intérêt public), et il serait naturel qu’il soit au moins en partie financé par des fonds publics.

L’association Open Food Facts a reçu fin 2018 une subvention de 15 000 euros de la part de l’agence de santé publique Santé publique France pour importer les données de distributeurs et producteurs dans Open Food Facts et calculer le Nutri-Score pour leurs produits, et pour développer une nouvelle version de l’app iPhone et la mettre au niveau de l’app Android.

Santé publique France a décidé de nous accorder une subvention beaucoup plus importante pour les 3 prochaines années. Cette subvention permettra de développer une plateforme pour inciter les producteurs à ouvrir leurs données et adopter le Nutri-Score, et à continuer à améliorer l’application mobile Open Food Facts. En plus de l’important soutien financier, ce soutien de Santé publique France est une formidable reconnaissance de l’importance du travail accompli par les tous les participants au projet Open Food Facts ces 7 dernières années.

D’autre part la Fondation Free apporte un grand soutien matériel au projet, en nous mettant à disposition depuis septembre 2018 de serveurs plus puissants pour héberger le projet, et en finançant en avril 2019 l’achat de 4 disques durs de 14 To pour permettre la croissance continue de la base.

Afin de diversifier et pérenniser le financement du projet, nous cherchons d’autres subventions publiques et privées (non liées à l’industrie agro-alimentaire). Et ces premiers soutiens seront certainement très utiles pour convaincre d’autres financeurs potentiels.

Les concours et appels à projets

Nous répondons très régulièrement aux concours et appels à projets qui nous paraissent pertinents. En 2018 nous avons ainsi été sélectionnés par le programme Google Summer of Code qui a permis de financer 2 développeurs pendant 3 mois, et nous avons gagné le prix EU Datathon organisé par l’Union Européenne (avec 5 000 euros de prix, mais surtout l’occasion de développer des relations au niveau européen, notamment avec l’EFSA (European Food Safety Authority, l’autorité européenne de sécurité des aliments)).

Le résultat de ces concours et appels est bien sûr très incertain, les dossiers de candidatures demandent beaucoup de travail, et les financements obtenus sont en général destinés à des actions spécifiques qui excluent le fonctionnement général d’Open Food Facts.

Nous allons donc essayer de prioriser le développement des financements pérennes et à long terme (dons et subventions pluriannuelles), tout en restant bien sûr ouverts à toutes les opportunités en adéquation avec nos objectifs et nos principes.

Construisons ensemble l’Open Food Facts de demain !

Un énorme merci à toutes et tous pour toute votre participation, tout votre soutien et tout votre intérêt pour le projet Open Food Facts ! Énormément de choses ont changé en 2018, et encore plus de choses vont changer en 2019. Nous avons pris la décision de transformer l’association pour pouvoir continuer à construire ce bien commun qu’est Open Food Facts. Et même si l’on peut parfois se sentir découragé face à tous les défis, à l’ampleur de certaines tâches, et à la part d’inconnu que ces changements vont amener, il est aussi extrêmement motivant de savoir que nous avons le soutien de dizaines de milliers de personnes qui croient en ce bien commun : les participants au projet bien sûr, les donateurs, les communautés du libre et de l’open data, les équipes scientifiques comme l’Équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle en France et celle du Professeur Carlos Monteiro au Brésil (qui ont respectivement proposé le Nutri-Score et NOVA), et l’agence nationale pour la santé publique.

Et non seulement nous avons leur soutien, mais en plus ils comptent sur nous ! Alors continuons ensemble d’avancer. Comme le disent nos amis du monde du logiciel libre, la route est longue, mais la voie est libre !

Toutes les bonnes volontés sont bien sûr plus que bienvenues pour participer au projet d’une façon ou d’une autre. S’il vous est possible de vous rendre à Paris les 18 et 19 mai 2019 pour les Journées OFF, nous serions très heureux de vous y rencontrer. Vous pouvez aussi nous rejoindre sur notre espace de discussion Slack, ou par e-mail à contact@openfoodfacts.org.


Merci encore, et à très bientôt !



Rapport d'activité 2018 : un grand tournant pour Open Food Facts !