C’est fabriqué près de chez vous… et cela rend curieux !

C’est fabriqué près de chez vous… et cela rend curieux !

En sortant d’une journée d’échanges consacrée aux données organisée par l’INRIA et la Fing à l’occasion de la signature de leur partenariat Prospective, sciences du numérique et société , j’ai demandé à Christian Quest d’OpenStreetMap quelle était la façon la plus simple d’intégrer les cartes d’OSM sur un site. Cela faisait un moment que l’idée de cartographier les produits grâce à leur code emballeur me trottait dans la tête. Entre deux stations de métro Christian m’a parlé de LeafLet, une bibliothèque Javascript très simple pour afficher une carte qui a de plus un plugin de clustering (groupement de pointeurs) qui permet de zoomer facilement dans une carte pour trouver des points d’intérêts (comme des lieux de fabrication de produits).

Le lendemain, C’est fabriqué près de chez vous était en ligne, et si l’on en croit le nombre de tweets, « J’aime » et +1, il plait bien. 🙂

C'est fabriqué près de chez vous

Deux aspects de C’est fabriqué près de chez vous me plaisent particulièrement :

Le premier est que c’est un exemple de réutilisation de données essentiellement issues de la collecte citoyenne de données (crowdsourcing) aussi bien du côté d’Open Food Facts que d’Open Street Map. C’est vous et moi qui fabriquons cette carte de lieu de fabrication des produits, et qui pouvons l’enrichir et l’améliorer. C’est ce que j’aime dans les projets collaboratifs : ils montrent qu’entre les institutions et les multinationales, une 3ème voie est possible.

La deuxième chose qui me plait, ce sont les premiers retours des personnes qui découvrent la carte interactive de C’est fabriqué près de chez vous. Ils sont surpris, et ils se posent des questions. La première chose que chacun fait, c’est bien sûr de regarder près de chez soi justement, pour voir ce qui y est fabriqué. Et on est souvent surpris par ce qu’on trouve :

Bien sûr cela vient du fait que la carte montre le lieu de fabrication, de transformation, de conditionnement et/ou d’emballage des produits, pas la provenance des ingrédients qui eux sont plus rarements originaires d’un lieu « près de chez vous ».

Mais du coup cela rend curieux, on a envie d’en savoir plus. En plus de cette carte « C’est fabriqué près de chez vous », on aimerait bien avoir une autre carte « Avec des ingrédients d’un peu partout ».

Cela pourrait donner une carte comme celle-ci, mais pour chaque produit :

Carte du trajet physique et financier de la viande de cheval

Carte du trajet physique et du trajet financier de la viande de cheval – par Open Food Facts, licence Creative Commons attribution et partage dans les mêmes conditions – (carte en très haute résolution)
Fond de carte par Roke, licence Creative Commons cc-by-sa

Plus on se ballade dans la carte, plus on devient curieux, et plus on se pose des questions. Pourquoi tel produit est fabriqué à tel endroit, avec des ingrédients de telle provenance ?

Claire de LiberTIC me disait ainsi : « Les crevettes Miti fabriquees en plein nantes interpellent 🙂 ».

En cherchant un peu, on découvre parfois toute une histoire. Nos crevettes nantaises sont en fait élevées en Colombie, et cuisinées à Nantes. Le créateur de l’entreprise est un ancien chercheur de l’IFREMER (dont l’un des centres est à Nantes) qui a passé 10 années à étudier les crevettes et qui a trouvé un moyen de les conserver plus longtemps en pulvérisant des ferments lactiques à leur surface. Les ferments lactiques sont listés dans la liste des ingrédients, mais la lecture de la liste ne permet pas de deviner qu’ils permettent de conserver les crevettes préparées pendant 18 jours.

Toujours plus de données, de questions et de réponses

Et plus on se pose des questions, plus on aimerait avoir des réponses. Ce qui amène à se demander où on pourrait trouver ces réponses. Pour certaines questions, on peut trouver nous même les réponses, en regardant dans ses placards et son frigo ou en allant au magasin du coin pour scanner quelques produits et les prendre en photo par exemple. Pour d’autres questions comme celle de l’origine des ingrédients, il faudra peut-être attendre qu’elle soit indiquée sur les étiquettes (et bien sûr insister pour qu’elle le soit !).

Et les questions amènent d’autres questions. Aujourd’hui le Ministère de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt à publié sur son site alimentation.gouv.fr un article « Origine des produits, quelle information du consommateur ? ».

« Les consommateurs veulent des informations précises : pour la viande, ils sont ainsi près de 80 % à vouloir retrouver sur les étiquettes toute la vie de l’animal (comme c’est le cas actuellement sur le bœuf) : son lieu de naissance, mais aussi d’élevage et d’abattage. »

Peut-être encore plus que l’origine, j’aimerais ainsi aussi connaître la nature de la viande. Sur les étiquettes des plats préparés, la seule chose qui est précisée, c’est « viande de boeuf » ou « viande de porc ». Mais quand on apprend que la viande des lasagnes Findus a été achetée via Spanghero sous l’appellation de « minerai de boeuf désossé surgelé origine UE (Roumanie) » et que le seul critère de choix semblait être celui du moindre prix, on aimerait bien en savoir un peu plus lorsqu’on lit la mention « viande de boeuf ».

Pandore
Pandore, par Jules Joseph Lefebvre1882, collection privée (image dans le domaine public)

La boîte de biscuits de Pandore est entrouverte, et on aimerait bien connaître la recette exacte des biscuits !

C'est fabriqué près de chez vous... et cela rend curieux !